À l’approche de la retraite, le travailleur non salarié, qu’il soit artisan, commerçant ou chef d’entreprise, se concentre principalement sur l’évolution de ses revenus. Pourtant, la question de la mutuelle mérite également une attention particulière. Un contrat souscrit durant la vie professionnelle ne répond pas toujours aux besoins spécifiques d’un retraité. Si la mutuelle TNS peut être conservée, elle doit le plus souvent être réévaluée afin de rester adaptée aux nouveaux besoins de santé et au budget de l’assuré. Dès lors, une question s’impose : faut-il conserver sa mutuelle TNS ou envisager une autre solution ?
La mutuelle TNS s’arrête-t-elle au moment de la retraite ?
La réponse est simple : non. Les contrats de mutuelle pour les travailleurs non salariés ne prévoient généralement pas de résiliation automatique au moment du départ à la retraite. Le travailleur indépendant peut donc continuer avec la même complémentaire santé, sans coupure de couverture.
En revanche, conserver le contrat sans se poser de questions est rarement la meilleure option. Une mutuelle pensée pour l’activité professionnelle peut devenir mal adaptée une fois à la retraite, tant sur les garanties que sur le prix.
Le vrai changement : la fin de l’avantage fiscal Madelin
Pendant sa vie professionnelle, le travailleur non salarié peut déduire ses cotisations de mutuelle de son revenu imposable grâce à la loi Madelin, dispositif destiné à encourager la protection sociale des indépendants. À la retraite, cette déduction disparaît automatiquement, faute de revenus professionnels éligibles. “À la retraite, la mutuelle devient une dépense entièrement supportée par l’assuré, sans avantage fiscal. Beaucoup de travailleurs non salariés continuent à payer des garanties pensées pour l’activité professionnelle, alors qu’un rééquilibrage du contrat permet souvent de réduire la cotisation sans sacrifier les postes essentiels”, explique O. Massasso, directeur de l’agence AXA dans la région de Cannes spécialisée dans les TNS.
Cette perte d’avantage fiscal modifie profondément la lecture du contrat : à garanties identiques, la mutuelle coûte plus cher. Ce qui explique pourquoi de nombreux TNS s’interrogent sur l’intérêt de conserver leur contrat sans le revoir.
Des garanties souvent mal alignées avec la réalité de la retraite
Les besoins de santé évoluent avec l’âge. Or, une mutuelle TNS conservée “en l’état” peut intégrer des garanties devenues inutiles, tout en restant insuffisante sur les postes réellement sensibles à la retraite.
À la retraite, des besoins sont beaucoup plus présents et certaines garanties deviennent parfois indispensables :
- l’hospitalisation, avec une bonne prise en charge des frais de séjour, du forfait journalier et du confort (chambre particulière),
- le dentaire, encore marqué par des restes à charge élevés pour certaines prothèses,
- l’optique et l’audition, malgré le dispositif 100 % Santé, qui ne couvre pas tous les équipements,
- les consultations de spécialistes (cardiologue, rhumatologue), parfois associées à des dépassements d’honoraires.
Un contrat trop orienté “activité” peut donc devenir coûteux sans apporter une protection réellement efficace.
Trois options s’offrent au TNS retraité
1) Ajuster la mutuelle actuelle
Première solution : garder la mutuelle, mais l’adapter. Il est souvent possible de modifier les garanties pour supprimer les options inutiles comme des garanties orientées « vie professionnelle » (forfaits de médecines douces, options de prévention ou niveaux élevés sur les soins courants) et renforcer les postes essentiels. Cette solution rassure ceux qui souhaitent conserver leur assureur tout en optimisant leur contrat.
Par exemple, un artisan de 62 ans, sans besoin de garanties familiales spécifiques, peut renforcer l’hospitalisation (frais de séjour, chambre particulière) et le dentaire, tout en allégeant des lignes de garanties non pertinentes.
2) Basculer vers une mutuelle senior
Deuxième option : choisir une mutuelle senior, généralement plus ciblée sur les dépenses fréquentes avec l’âge, comme l’hospitalisation, l’optique, le dentaire ou l’auditif. Sans l’avantage fiscal Madelin, ce type de contrat peut s’avérer plus cohérent financièrement s’il correspond mieux aux besoins réels.
Par exemple, un ancien professionnel libéral de 66 ans, équipé de verres complexes et consultant régulièrement des spécialistes, peut privilégier une formule senior sécurisant l’optique et les dépassements d’honoraires.
3) Comparer et changer si nécessaire
Troisième possibilité : remettre le contrat en concurrence. La loi Hamon (article L113-15-2) mise en place en 2015 permet de résilier une complémentaire santé après un an, sans frais. Dans un contexte de hausse régulière des cotisations, comparer les offres peut vous permettre de retrouver un meilleur équilibre entre prix et garanties.
Un contexte de marché qui renforce l’intérêt d’agir
Le marché de la complémentaire santé connaît une phase de forte pression tarifaire, portée par l’augmentation continue des dépenses de santé, le vieillissement de la population et les revalorisations d’actes médicaux, comme le rappellent régulièrement les représentants de la Mutualité Française. Ces évolutions pèsent directement sur les contrats individuels, avec une hausse moyenne estimée à 4,3 %. En 2025, le coût moyen d’une mutuelle senior atteint ainsi 124,21 € par mois selon Meilleurtaux, contre 75,45 € en moyenne pour une mutuelle TNS. Dans ce contexte, maintenir une mutuelle TNS sans réévaluation expose l’assuré à des augmentations successives, sans garantie d’une meilleure adéquation entre le niveau de protection et les besoins réels à la retraite.
Le bon timing pour faire le point
Anticiper la réflexion quelques mois avant le départ effectif à la retraite permet d’aborder sereinement la question de la mutuelle, en prenant le temps d’analyser le contrat existant et d’identifier les besoins de santé à venir. La retraite ne met pas fin à la mutuelle TNS, mais cette nouvelle étape de vie nécessite des ajustements. Pour le travailleur non salarié, l’objectif consiste à faire évoluer une couverture conçue pour l’activité vers une protection réellement adaptée à la retraite, afin de préserver un équilibre durable entre garanties et budget.

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